Question:
Avez-vous une poésie sous la main sur le voyage, un souvenir.. lecture.. un extrait.. Un beau texte..?
anonymous
2011-08-14 16:51:40 UTC
Merci beaucoup.
Six réponses:
pipin75
2011-08-15 09:41:01 UTC
Étoile de la mer voici la lourde nappe

Et la profonde houle et l’océan des blés

Et la mouvante écume et nos greniers comblés,

Voici votre regard sur cette immense chape



Et voici votre voix sur cette lourde plaine

Et nos amis absents et nos cœurs dépeuplés,

Voici le long de nous nos poings désassemblés

Et notre lassitude et notre force pleine.



Étoile du matin, inaccessible reine,

Voici que nous marchons vers votre illustre cour,

Et voici le plateau de notre pauvre amour,

Et voici l’océan de notre immense peine.



Un sanglot rôde et court par-delà l’horizon.

À peine quelques toits font comme un archipel.

Du vieux clocher retombe une sorte d’appel.

L’épaisse église semble une basse maison.



Ainsi nous naviguons vers votre cathédrale.

De loin en loin surnage un chapelet de meules,

Rondes comme des tours, opulentes et seules

Comme un rang de châteaux sur la barque amirale.



Deux mille ans de labeur ont fait de cette terre

Un réservoir sans fin pour les âges nouveaux.

Mille ans de votre grâce on fait de ces travaux

Un reposoir sans fin pour l’âme solitaire.



Vous nous voyez marcher sur cette route droite,

Tout poudreux, tout crottés, la pluie entre les dents.

Sur ce large éventail ouvert à tous les vents

La route nationale est notre porte étroite.



Nous allons devant nous, les mains le long des poches,

Sans aucun appareil, sans fatras, sans discours,

D’un pas toujours égal, sans hâte ni recours,

Des champs les plus présents vers les champs les plus proches.



Vous nous voyez marcher, nous sommes la piétaille.

Nous n’avançons jamais que d’un pas à la fois.

Mais vingt siècles de peuple et vingt siècles de rois,

Et toute leur séquelle et toute leur volaille



Et leurs chapeaux à plume avec leur valetaille

Ont appris ce que c’est que d’être familiers,

Et comme on peut marcher, les pieds dans ses souliers,

Vers un dernier carré le soir d’une bataille.



Nous sommes nés pour vous au bord de ce plateau,

Dans le recourbement de notre blonde Loire,

Et ce fleuve de sable et ce fleuve de gloire

N’est là que pour baiser votre auguste manteau.



Nous sommes nés au bord de ce vaste plateau,

Dans l’antique Orléans sévère et sérieuse,

Et la Loire coulante et souvent limoneuse

N’est là que pour laver les pieds de ce coteau.



Nous sommes nés au bord de votre plate Beauce

Et nous avons connu dès nos plus jeunes ans

Le portail de la ferme et les durs paysans

Et l’enclos dans le bourg et la bêche et la fosse.



Nous sommes nés au bord de votre Beauce plate

Et nous avons connu dès nos premiers regrets

Ce que peut receler de désespoirs secrets

Un soleil qui descend dans un ciel écarlate



Et qui se couche au ras d’un sol inévitable

Dur comme une justice, égal comme une barre,

Juste comme une loi, fermé comme une mare,

Ouvert comme un beau socle et plan comme une table.



Un homme de chez nous, de la glèbe féconde

A fait jaillir ici d’un seul enlèvement,

Et d’une seule source et d’un seul portement,

Vers votre assomption la flèche unique au monde.



Tour de David voici votre tour beauceronne.

C’est l’épi le plus dur qui soit jamais monté

Vers un ciel de clémence et de sérénité,

Et le plus beau fleuron dedans votre couronne.



Un homme de chez nous a fait ici jaillir,

Depuis le ras du sol jusqu’au pied de la croix,

Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois,

La flèche irréprochable et qui ne peut faillir.



C’est la gerbe et le blé qui ne périra point,

Qui ne fanera point au soleil de septembre,

Qui ne gèlera point aux rigueurs de décembre,

C’est votre serviteur et c’est votre témoin.



C’est la tige et le blé qui ne pourrira pas,

Qui ne flétrira point aux ardeurs de l’été,

Qui ne moisira point dans un hiver gâté,

Qui ne transira point dans le commun trépas.



C’est la pierre sans tache et la pierre sans faute,

La plus haute oraison qu’on ait jamais portée,

La plus droite raison qu’on ait jamais jetée,

Et vers un ciel sans bord la ligne la plus haute.
Rico2709
2011-08-15 18:35:12 UTC
J’veux plus rentrer chez moi





Il est resté planté là devant la porte

Sans chercher ses clés juste planté devant

Quelle vie avait-il pour agir de la sorte ?

Pourquoi répondre ce jour-là à l’appel du vent ?



Peut-être que son monde était devenu trop pesant

Il fallait que tout ça s’arrête

Avant de se mettre une balle dans la tête

Il a voulu foutre le camp



Il ne faut pas se contenter de ce qu’on a

Mais il faut au moins savoir s’en réjouir

Et puis quand vient le temps où ça ne suffit pas

Faut savoir agir



"Cap sur les îles

Vers les mers chaudes, les Antilles

Vers le Cap sur une coque de noix

J’veux plus rentrer chez moi



Cap sur les îles

Vers l’océan indien, les Caraïbes

Sur un chalutier, un voilier, n’importe quoi

Mais plus rentrer chez moi"



Il aurait pu prendre ses valises, ses affaires

Il aurait pu laisser une lettre, pourquoi faire ?

De toutes façons, ils ne comprendront pas

Sinon, ils le sauraient déjà



On doit apprendre à vivre avec sa solitude

Sinon, on finit par se sentir seul

Il est parti prendre l’air, changer de latitude

Voir si la misère est moins pénible au soleil



"Cap sur les îles

Vers les mers chaudes, les Antilles

Vers le Cap sur une coque de noix

J’veux plus rentrer chez moi



Cap sur les îles

Vers l’océan indien, les Caraïbes

Sur un chalutier, un voilier, n’importe quoi

Mais plus rentrer chez moi"



Il est monté sur le pont avant

Sans se retourner une seule fois

Il a crié en réponse à l’appel du vent

"Je n’rentre plus chez moi"
Bellissima
2011-08-15 06:08:19 UTC
Le grand voyage dans l'au-delà d'un proche, d'un père, d'un ami, peu importe, avec ces paroles d'une très belle chanson tirée de l'Opéra Rock Mozart.



Dors, mon Ange





Le sourire qui s'allume

Le regard qui s'embrume

Et tu t'en vas... danser au ciel



Tu m'apaises, tu me mens

Puis tu glisses, doucement

Vers le plus beau des sommeils



Dors mon ange,

Dans l'éternelle candeur

Dors mon ange,

Le ciel est ta demeure

Vole mon ange,

La vie est plus douce... ailleurs



Dors, dors, dors, mon ange dors,

Les cloches sonnent l'Angélus

Vole, vole, vole,

C'est mon enfance qui s'envole

Ce sont mes rêves que l'on viole



Je suis une funambule,

Suspendue dans la brume,

Je marche sur le fil... de tes pas



Je titube, je bascule,

Et je plonge dans l'écume

Des jours qui me parlent de toi.



Dors mon ange,

Dans l'éternelle candeur

Dors mon ange,

Le ciel est ta demeure

Vole mon ange,

Le temps pansera ma douleur.
Elidal
2011-08-15 03:18:07 UTC
Bonjour Ethna,



L'invitation au voyage



Mon enfant, ma soeur,

Songe à la douceur

D'aller là-bas vivre ensemble !

Aimer à loisir,

Aimer et mourir

Au pays qui te ressemble !

Les soleils mouillés

De ces ciels brouillés

Pour mon esprit ont les charmes

Si mystérieux

De tes traîtres yeux,

Brillant à travers leurs larmes.



Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.



Des meubles luisants,

Polis par les ans,

Décoreraient notre chambre ;

Les plus rares fleurs

Mêlant leurs odeurs

Aux vagues senteurs de l'ambre,

Les riches plafonds,

Les miroirs profonds,

La splendeur orientale,

Tout y parlerait

À l'âme en secret

Sa douce langue natale.



Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.



Vois sur ces canaux

Dormir ces vaisseaux

Dont l'humeur est vagabonde ;

C'est pour assouvir

Ton moindre désir

Qu'ils viennent du bout du monde.

- Les soleils couchants

Revêtent les champs,

Les canaux, la ville entière,

D'hyacinthe et d'or ;

Le monde s'endort

Dans une chaude lumière.



Là, tout n'est qu'ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.



Charles Baudelaire



Voilà un beau texte... enfin à mes yeux!

Bonne continuation, bye ☺
Mohammed El baoudi
2011-08-15 00:02:06 UTC
Journal d'une femme de ménage, c'est à lire
♫♪Shah شهرزاد
2011-08-14 23:57:50 UTC
[…] un long mur de béton que les moisissures de l’été et des champignons de salpêtre festonnaient comme un rideau de théâtre. Sur toute la longueur du " décor ", le trottoir providentiellement surélevé formait une sorte de scène, et tous ceux qui y passaient étaient bon gré mal gré transformés en " caractères ", amplifiés comme un écho, projetés dans le comique ou dans l’imaginaire.



[…] la surface était d’une belle matière veloutée, celle d’un vieux pot sorti du four. Entre les trous de coffrage et quelques graffitis indécis, une main enfantine mais résolue avait écrit baka (imbécile). Je l’ai pris pour moi : j’avais dû passer cent fois là devant sans rien voir.



J’ai frappé au carreau.

– Bonjour !

– Entrez donc !

– Est-il impossible de prendre votre photo ?

(Il est plus poli de poser la question à la négative, et plus la vie est maigre mieux cette politesse qui la meuble un peu se justifie.)

– Bien sûr que non !

(C’est-à-dire : faites donc, je vous en prie…) Elle est venue à la lumière, sur le seuil de la porte, et j’ai fait un portrait genre " Salon américain."



Je me suis intéressé à tout autre chose. Je ne suis pas allé m’asseoir en " lotus ", je n’ai pas cherché " quelle était la nature profonde du Bouddha ". J’ai joui du jardin et regardé grandir mon fils qui chassait les papillons entre les tombes du cimetière voisin en criant je ne sais pourquoi gentleman (un mot qu’un de nos visiteurs avait dû lui apprendre) ; il était bien trop petit pour les attraper, mais avec les papillons, c’était bien lui le plus zen de tous : il vivait ; les autres cherchaient à vivre. Je n’ai pas été bien studieux : ce que je sais du Zen aujourd’hui me permet tout juste de mesurer à quel point j’en manque, et combien ce manque est douloureux. Je me console en me disant que, dans le vieux Zen chinois, c’était la tradition de préférer, pour succéder au maître, le jardinier qui ne savait rien au prieur qui en savait trop. J’ai conservé mes chances intactes.



Chroniques japonaises - Nicolas Bouvier


Ce contenu a été initialement publié sur Y! Answers, un site Web de questions-réponses qui a fermé ses portes en 2021.
Loading...